Tu veux quitter ton job mais tu ne sais pas quelle option choisir ?

Pour t’aider à y voir plus clair, j’ai posé toutes les questions qu’on se pose souvent en silence à Léa Beaurepère, juriste en droit du travail, formatrice et coach certifiée.

Voici ses réponses, sans détour. 😅

Bienvenue à toi Léa

Ravie et honorée de t’accueillir ici aujourd’hui, pour un échange qui s’annonce brûlant.

Pour commencer, est-ce que tu peux nous expliquer simplement la différence entre une démission, une rupture conventionnelle et un licenciement ?

LA DIFFÉRENCE ENTRE RUPTURE CONVENTIONNELLE, DÉMISSION ET LICENCIEMENT

La démission

Une démission c’est une décision unilatérale du salarié de mettre fin à son contrat de travail.

Il n’a pas droit à l’indemnité de chômage (sauf quelques motifs particuliers de démission) et doit respecter un préavis.

La rupture conventionnelle

Une rupture conventionnelle c’est un accord, un consentement mutuel entre deux parties : le salarié et l’employeur pour mettre fin au contrat de travail.

Elle permet au salarié de toucher le chômage et une indemnité légale ou supra légale de rupture conventionnelle.

Le licenciement

Un licenciement c’est une décision unilatérale de l’employeur de mettre fin au contrat de travail du salarié. Le licenciement peut avoir plusieurs motifs : économique, inaptitude, faute grave, faute simple, faute lourde, insuffisance professionnelle.

Le salarié bénéficie d’une indemnité de licenciement (sauf faute grave et lourde) et a le droit au chômage.

Merci pour ces précisions.

Concrètement, dans quelles situations tu conseillerais à quelqu’un de privilégier une rupture conventionnelle plutôt qu’une démission ?

RUPTURE CONVENTIONNELLE VS DÉMISSION

Si tu souhaites entamer une reconversion professionnelle, mais que tu as besoin de temps pour te préparer, la rupture conventionnelle te permet de bénéficier de l’allocation chômage pendant ta formation ou ta reconversion.

Dans le cas où tu es en situation de conflit avec l’employeur, la rupture conventionnelle peut offrir un moyen de partir de manière plus apaisée.

Si tu fais face à des problèmes de santé liés à ton travail (par exemple stress) et que tu souhaites quitter pour des raisons de bien-être personnel, la rupture conventionnelle peut être une solution plus appréciable que la démission.

Et si c’est l’employeur qui propose une rupture conventionnelle… est-ce qu’on est obligé d’accepter ?

PEUT-ON REFUSER UNE RUPTURE CONVENTIONNELLE

Oui, tu peux refuser une rupture conventionnelle. La rupture conventionnelle est une procédure basée sur le consentement mutuel des deux parties.

Si tu acceptes et que pendant la procédure, tu ne souhaites finalement plus accepter de rupture conventionnelle, tu peux revenir sur ton accord même après signature du document CERFA (Centre d’Enregistrement et de Révision des Formulaires Administratifs) jusqu’à 15 jours après avoir signé.

La rupture conventionnelle est une procédure basée sur le consentement mutuel des deux parties.

À l’inverse, si l’employeur refuse une rupture conventionnelle mais que toi, tu veux vraiment partir, tu fais quoi ?

PEUT-ON NOUS REFUSER UNE RUPTURE CONVENTIONNELLE

Ouvrir le dialogue avec lui et comprendre ce qui le fait bloquer : l’absence de passation avec la personne qui te remplacera sur le poste, une date de départ qui ne lui convient pas par exemple…

Propose des alternatives et montre les points sur lesquels tu peux être arrangeant : s’engager à faire une passation, décaler la date de départ si trop courte pour s’organiser par exemple.

Merci beaucoup pour le partage.

Et est-ce qu’il y a des cas où tu déconseilles carrément la rupture conventionnelle, même si elle paraît simple au départ ?

LES SITUATIONS PEU PROPICES À LA RUPTURE CONVENTIONNELLE

Je déconseille la rupture conventionnelle si tu n’as pas bien évalué ta situation professionnelle dans ton entreprise (certaines situations conflictuelles ou de mal être au travail nécessitent d’autres alternatives).

Si tu te sens sous pression/contraint de devoir l’accepter, cette rupture pourrait ne pas être dans ton meilleur intérêt. Il est préférable que tu sois en mesure de prendre cette décision de manière pleinement éclairée et libre.

Si tu es proche de la retraite, il serait préférable de bien vérifier l’impact de cette rupture sur ses droits futurs.

Si l’employeur a une attitude douteuse et cherche à utiliser la rupture conventionnelle pour contourner un licenciement.

Pour ne pas faire d’erreur, la meilleure chose à faire est de se faire accompagner par un professionnel en droit du travail.

Parlons maintenant de ton retour d’expérience.

Tu vois passer pas mal de situations compliquées : quelles erreurs font souvent les salarié·es qui démissionnent un peu trop vite ?

LES ERREURS À ÉVITER SI TU SOUHAITES DÉMISSIONNER

1) Ne pas faire attention à ses finances

Beaucoup de salariés démissionnent sans réaliser qu’ils n’auront pas le droit au chômage et qu’ils ne toucheront pas d’indemnités de départ. Démissionner sans avoir un autre emploi en vue ou un projet de reconversion peut dans certains cas mener à une période financièrement compliquée.

Cela peut avoir par exemple pour conséquence que la personne en difficulté soit contrainte de reprendre un emploi de nécessité pour subvenir à ses besoins.

2) Le faire par défaut, pour éviter la confrontation

Beaucoup de salariés préfèrent démissionner pour ne pas avoir à argumenter devant leur employeur pour obtenir une rupture conventionnelle par exemple. C’est dommage, car c’est une procédure amiable et avantageuse pour le salarié. Il faut en revanche bien préparer ses arguments en amont, comme les avantages de l’employeur à accepter une rupture conventionnelle.

3) Oublier que l’employeur a des obligations

D’autres démissionnent quand ils se trouvent dans des situations qui mettent en péril leur santé physique et mentale et préfèrent partir en premier, alors que l’employeur a une obligation légale qui pèse sur lui de protéger la santé et la sécurité.

Merci à toi d’insister sur ces points auxquels on ne pense pas toujours.

Il y a eu beaucoup de rumeurs autour du « licenciement à l’amiable ». Est-ce que c’est encore possible aujourd’hui de négocier ce genre de sortie pour toucher le chômage ?

LE LICENCIEMENT À L’AMIABLE ENCORE D’ACTUALITÉ ?

Il y a quelques années, il était commun dans beaucoup d’entreprises de négocier avec son employeur un abandon de poste pour pouvoir toucher le chômage. Le salarié et l’employeur convenaient d’une date où le salarié ne se présentait plus sur son lieu de travail et à la fin de la procédure, il pouvait prétendre au chômage.

Cette pratique d’entreprise permettait à l’employeur de ne pas avoir à payer d’indemnité au salarié et au salarié de se sécuriser avec le chômage.

L’ouverture des droits au chômage pour cette procédure a néanmoins été revue il y a quelques années par le législateur.

Il n’est plus possible aujourd’hui de prétendre au chômage si l’on fait un abandon de poste car désormais c’est assimilé à une démission.

Et si on veut partir sans se mettre en galère derrière, quels sont les pièges à éviter absolument ?

LES PIEGES À CONTOURNER POUR QUITTER SON JOB

Le piège

Le plus gros piège est de quitter son entreprise sans préparer son départ, c’est-à-dire :

1. Analyser sa situation actuelle et désirée.
2. Préparer ses arguments et un plan B.

La check-list

• Analyser sa situation personnelle (argent de côté, dépenses mensuelles, est-ce que j’ai des personnes à charge, grosses dépenses …)
• Analyser sa situation professionnelle (dans quelle situation suis-je au travail) et ce que je souhaite faire derrière (qu’est-ce que j’ai envie de faire pour la suite, où et comment, par quels moyens)
• Quelles sont mes forces et les points plus fragiles
• Si ma procédure de départ souhaitée ne fonctionne pas, je fais quoi ?

Il est selon moi essentiel de se faire accompagner quand on ne souhaite pas démissionner afin de pouvoir bénéficier du meilleur départ possible.

Milles mercis pour ton éclairage Léa.

Pour terminer, une question que je pose à tous les invités. Quel est le meilleur conseil carrière que tu pourrais donner ?

« Si demain était le dernier jour de ta vie, est-ce que tu le passerais à faire ce que tu t’apprêtes à faire aujourd’hui ? ».
J’aime cette phrase de Steve Jobs car si la réponse est négative, c’est qu’il y a peut-être quelque chose à changer.

Il est toujours possible de changer si tu te sens bloqué(e) dans un job qui ne t’épanouit pas.
Prendre du temps pour réfléchir à ce que tu veux vraiment, à ce qui te motive et t’inspire.
Commence par te demander ce que tu aimes faire au quotidien, spontanément dans ta vie de tous les jours, là aussi où tu ne vois pas le temps passer.

• Quels sont les ingrédients qui font ou qui feraient que tu sois bien dans ton travail actuel.
• Qu’est-ce qui te manque dans ton travail actuel ?
• Quelles sont tes passions ou tes talents que tu aimerais développer ?

« Si demain était le dernier jour de ta vie, est-ce que tu le passerais à faire ce que tu t’apprêtes à faire aujourd’hui ? »

Merci du fond du coeur Léa pour ce partage et pour tes conseils ❤

Si tu souhaites aller plus loin, tu peux retrouver Léa sur Instagram.

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